L’énergie hydrolélectrique : le précurseur
L’idée d’exploiter les courants des rivières existe depuis des siècles avec les moulins à eau dont le but est souvent de moudre du grain pour fabriquer de la farine. C’est l’histoire des hydroliennes qui vient de ce lointain ancêtre. Puis avec l’invention de l’électricité et de l’alternateur qui en tournant permet de produire de l’énergie électrique, des installations ont été conçues sur les fleuves. Des barrages utilisant les chutes d’eau sont construits : c’est le développement de l’hydroélectricité.
Dans les années 50, la centrale marémotrice de la Rance est faite pour fonctionner avec les courants des marées. A ce propos, des moulins à marées étaient utilisés depuis des siècles à cet endroit. La différence avec les rivières est que les courants s’inversent régulièrement. Au total, il y a 24 turbines de 10 MW soit une puissance de 240 MW. On retrouve ici un principe utilisé par les courants des hydroliennes.
L’histoire des hydroliennes
Mais ces installations sont complexes et modifient l’environnement. Donc certains ont conçus un prototype de machine appelé « hydrolienne » par analogie à l’éolienne. Elles sont généralement sous-marines et leur avantage est de ne pas couper le débit d’eau et d’être discrètes dans le paysage.
Turbine Seagen
La première grosse machine installée dans le monde est la SeaGen de MCT (Marine Current Turbines) en 2008 au large de l’Angleterre. Elle produit d’abord 150 kW puis 300 kW. Elle est constituée de deux turbines fixées chacune sur un bras. La « poutre » est immergeable pour fonctionner et produire de l’énergie électrique avec les courants marins. Par contre, le pilier est visible dans le paysage et facilite la maintenance.
Hydrolienne Sabella
En France c’est Sabella qui développa le premier modèle essayé au large de la Bretagne au large de Bénodet (près de Quimper) en avril 2008. Plus précisément, c’est un prototype D03 de 3 mètres de diamètre à axe horizontal (hélice classique) de 30 kW de puissance. Il fonctionna un an en test et démontra une fiabilité correcte. Mais un point important par rapport à la Seagen, c’est que D03 est totalement sous-marine donc elle n’est pas visible de la côte.
En 2015, Sabella installe une plus grosse machine au passage du Fromveur en Bretagne (à proximité de Brest). Premièrement elle est nommée D10 car elle possède un diamètre de 10 mètres. Deuxièmement, sa puissance est alors de 1 MW. Cependant, elle ne fonctionne que quelques mois car de la maintenance et des améliorations doivent être réalisées. Cette hydrolienne a donc une histoire mouvementée mais elle prouve que la technologie fonctionne.
Turbine de Naval Group avec Open Hydro
L’étude du potentiel français montre que le Raz-Blanchard au large du Cotentin près de Cherbourg-en-Cotentin a une capacité importante estimée à 2000 MW. Par comparaison, le réacteur nucléaire EPR de Flamanville a une puissance de 1600 MW.
Naval Group qui s’appelle à l’époque DCNS investit dans un prototype d’hydrolienne appelé Open hydro. Un projet est lancé à Cherbourg.
Des années d’essais et de corrections sont nécessaires. Soutenu par l’Etat à l’époque et par le département de la Manche et la région Normandie, des terres pleins sont construits puis la première usine de fabrication d’hydroliennes au monde. Mais le gouvernement décide de ne plus soutenir le projet et elle ferme un mois après son ouverture. L’histoire des hydroliennes est donc mouvementée.
Cependant d’autres entreprises continuent de développer cette technologie. Hydroquest avec les chantiers de Construction Mécanique de Normandie (CMN) de Cherbourg ont conçu un modèle de 1 MW qui a été testé pendant plus de un an avec succès. Ils travaillent à développer un modèle de 2.5 MW pour ensuite en installer 7 aux Raz-Blanchard.
Dominique Lebresne